Aurélie DESVILLETTES-EI
Psychothérapie à  Albertville

Colère, crise, opposition, provocation...nous vivons dans le conflit avec notre enfant!


Vous connaissez!? Les cris,les affrontements, l'épuisement...les confrontations parents-enfant peuvent très vite mener les parents à se sentir démunis, dépassés, fatigués. Vous avez tout essayé, ou presque! Entre préceptes de l'éducation bienveillante, positive, et l'envie de baisser les bras, comment faire, réagir, se comporter avec un enfant au comportement difficile? 

Je vais vous livrer ici quelques astuces pour survivre...(Si vous acceptez le défi!)

De prime abord, il faut tenter de comprendre ce qui est en jeu derrière la colère, la tension. Observez votre enfant, ne partez pas du principe que vous le connaissez par coeur, OBSERVEZ.

- Est-ce qu'il pourrait avoir des ennuis à l'école?

- Dort-il bien et suffisamment?

- A-t-il assez d'attention?

- A-t-il assez de pouvoir de décision ou d'autonomie...?

- A-t-il vécu un évènement particulier?

En tant que parent, il n'est vraiment pas évident de prendre le recul nécessaire et comprendre ce qui se joue derrière un comportement difficile.

N'hésitez pas à solliciter de l'aide d'un professionnel ( surtout qu'il est pertinent d'éliminer certaines causes physiologiques.

Il faut savoir que l'opposition est une période normale et nécessaire dans le développement de l'enfant. Vous connaissez peut-être la fameuse période du "non" (vers l'âge de 2ans) lorsque l'enfant comprend qu'il a un certain contrôle sur son environnement. D'autres périodes d'opposition viendront par la suite, de manière différente. Ainsi, l'enfant acquiert son autonomie et forge son identité. L'enfant réagit ainsi pour s'affirmer en tant qu'individu à part entière, ne voyez pas systématiquement une volonté de s'opposer.

 

Quelques astuces pour minimiser les affrontements.

Malgré ces périodes difficiles à vivre, il est possible et je dirai même indispensable de mettre en place un cadre rassurant, sécurisant et des moyens adaptés afin d'améliorer le contexte familial.

  • Isolez-vous ou isolez-le.

Lorsque le comportement de l’enfant atteind vos limites de tolérance ou simplement si l'enfant commence une crise, il peut être alors souhaitable de se mettre physiquement à distance en quittant la pièce pour un moment, ou en lui faisant quitter la pièce. Il importe d'interrompre au mieux la spirale de colère, de cris et conflits sous-jacents. Plutôt que de partir en crise vous-même, mieux vaut s’éloigner ou isolez l'enfant.

Il pourrait, par exemple, aller dans sa chambre, crier dans son oreiller, se défouler sur un coussin de colère, boxer dans le vide... souvent les jouets servent de défouloir, je dirai pourquoi pas, à la condition qu'un jouet cassé ou abîmé soit assumer après. Je veux souligner par là que si un jouet est détérioré, il n'est pas souhaitable de foncer en acheter un autre. Quelque soit son âge, l'enfant doit prendre ses responsabilités, ainsi soit il peut le réparer lui-même, soit il le conserve ainsi mais on ne le remplace en aucun cas!

Pour revenir au fait de s'isoler, cela touche également les échanges verbaux pendant la crise. Il est important de couper toute conversation avec un enfant qui s'oppose. La colère nous aide rarement à énoncer des propos que l'on ne regrette pas dans l'après-coup. De plus, une personne en colère n'entend pas! La colère pousse souvent à vouloir blesser l'autre ou le mettre aussi en colère...vous aurez compris que ces moments ne sont pas positifs ou même constructifs. Le silence est de mise!

Vous pouvez établir avec l'enfant, lorsqu'il est calme, que lorsqu'un conflit arrive, le fait que vous disiez "STOP", serait un signal pour lui signifier qu'il est temps de s'isoler et d'arrêter la conversation afin de la reprendre au calme.

Il est primordial de ne pas crier dans ces moment mais d'employer un ton calme et ferme.

 

  • Posez ou/et ré-ajustez les règles de vie et de la maison.

Établissez en famille des règles claires à la maison: Il est primordial que vos attentes soient claires et comprises! Votre enfant a besoin de connaître où se situent les limites de ses parents. Les règles doivent être établies en équipe et en consensus avec votre conjoint. Il est possible que vous n’ayez pas les mêmes visions des règles à adopter, un juste équilibre est alors à établir. Essayez d’en discuter autant que possible entre adultes seulement. Ensuite, expliquez clairement les règles à votre enfant et assurez-vous qu’elles sont bien comprises. Selon son âge, certaines règles peuvent être discutées avec l'enfant. Cela évite d'instaurer des règles irréalistes, trop difficiles à tenir. Alors, un consensus devra s'établir entre enfant et parents afin de trouver un juste milieu. De plus, l'enfant devient acteur et s'impliquera plus volontier s'il peut lui aussi participer, en partie, à l'instauration des règles (Attention, soyons d'accord, il peut partager son point de vue mais ce n'est pas lui qui dicte ses règles!) Celles-ci peuvent être affichées dans la maison en guise de rappel.

Il faut aussi pensez à énoncer les conséquences appliquées si une règle n'est pas respectée!!

Appliquez sans négocier les conséquences logiques. Les conséquences doivent être proportionnelles au geste posé et liées le plus possible au comportement. Voici quelques principes de base:

  • Optez pour des conséquences naturelles, normale : un enfant qui détruit un jouet ne doit pas s’attendre à voir celui-ci réparé ou remplacé. Il doit prendre ses responsabilités et assumer les conséquences.
  • Déterminez ensemble un geste de réparation : venir s'excuser en face à face, faire une tâche supplémentaire pour sa sœur, une lettre d’excuse pour son frère,  etc.
  • Évitez les doubles conséquences ou les conséquences trop sévères souvent impossibles à maintenir ou octroyées sous le coup de la colère (un mois sans cellulaire, pas d’amis pour l’été, etc.). Reconnaissez vos torts si vous vous êtes emporté ou avez donné une conséquence disproportionnée. Un adulte doit savoir montrer l'exemple et faire preuve d'humilité.
  • Faites participer l’enfant à la prise de décision (tu m’avertiras lorsque tu seras calme) afin que celui-ci apprenne à maîtriser son contrôle interne.
  • Offrez de faux choix : donnez deux options à l’enfant lors de l’annonce d’une conséquence (dessin d’excuse ou prêt d’un jouet).

 

  • Soyez constant.

Respectez les règles misent en place et appliquez sans négocier les conséquences annoncées. Pensez au principe de gambling ou du billet de loterie. Même si vous avez peu de chances de remporter le gros lot, vous tentez tout de même votre chance. De la sorte, l’enfant se rappelle de la fois où vous avez cédé et qu’il a réussi à se «sauver» de la conséquence. Ainsi, si le comportement opposant permet parfois à l’enfant d’obtenir ce qu’il veut, il le reproduira jusqu’à ce qu’il obtienne l’effet souhaité (Doyon, 2011). Les renforçateurs intermittents (le fait de céder une fois aux caprices de l’enfant ou de lui retirer une conséquence) sont les plus puissants.

 

  • Choisissez vos priorités.

Misez sur les comportements opposants qui vous dérangent le plus par rapport aux valeurs que vous souhaitez davantage préconiser à la maison (respect, politesse, etc.). Dites-vous que plus vous intervenez, moins vos interventions seront efficaces, alors vaut mieux choisir les cibles prioritaires. De plus, un enfant dont le parent est constamment en train de le reprendre ou de lui donner des consignes peut voir son estime de soi minée, puisqu’il aura l’impression de ne pas être à la hauteur.

Autre point, lorsque vous vous adressez à votre enfant,il est important de faire sa demande  en s’assurant qu’il prête attention à ce qu’on lui dit. Il peut être intéressant de se mettre au niveau de l’enfant, c’est-à-dire près de lui, et d’éteindre toute forme de distraction avant de lui donner la consigne. Celle-ci doit être brève, claire, affirmative et donnée sur un ton calme (Massé, Verreault et Verret, 2011).

N’oubliez pas de donner une seule consigne à la fois et assurez-vous que l’enfant a bien compris en lui faisant répéter la demande par exemple. Il peut aussi être pertinent de laisser un délai à l’enfant pour se conformer à la consigne: "dans 10minutes, tu iras te coucher". Parfois, certains enfants ont besoin de plus de temps pour assimiler une demande.

 

  • Testez le renforcement positif.

Beaucoup de techniques à tester, parmi elles:

  1. Misez sur la valorisation des bons coups et sur le renforcement positif afin de donner envie à votre enfant de bien se comporter. Il faut que cela soit «payant» de respecter les règles! Adoptez une attitude bienveillante en tentant de souligner au moins un bon coup par jour. La mise en place d’un babillard de réussites ou d’une boîte à bons coups sont des idées intéressantes afin de valoriser les bons coups de l’enfant. Offrez des récompenses relationnelles le plus souvent possible (cuisiner avec maman, sport avec papa, etc.) pour souligner une bonne conduite. Un tableau d’émulation ciblant un ou deux comportements souhaités peut aussi être utile à court terme à la maison, mais celui-ci doit absolument viser des récompenses et non la perte de privilèges.
  2. Quand l’enfant fait « une crise », vous pouvez essayer de le consoler. Même si ça semble parfois aller contre tout ce que vous avez envie de faire ou dire à ce moment-là! Prenez-le dans vos bras, et dites-lui que que ça va aller. En général, il se calme assez vite, et vous pouvez ensuite revenir calmement et de façon apaisée sur ce qui s’est passé.

  3. Sur le même principe que le planning des tâches quotidiennes, il s’agit de réaliser un petit tableau sur lequel apparait de façon claire et valorisante les réussites de l’enfant. Sur Internet, vous trouverez facilement des exemples de tableaux de réussites (ou victoires ou récompenses) à imprimer ou à reproduire. Certains peuvent s’acheter dans le commerce.

  • Timer/rythmés la journée- décomposer une activité...

Encore une fois, il faut tester pour trouver la technique qui conviendrait le mieux:

  1. Lorsque l’enfant s'oppose à réaliser une tâche, pensez à énoncer une partie de la tâche en question plutôt que sa totalité, décomposer en petits objectifs. Par exemple, dire à l’enfant de mettre son pantalon, et maman met les chaussettes. Dire à l’enfant de mettre les sets de table, au lieu de mettre la table…
  2. Lickety Split est un timer: un pingouin-sablier qui fait des bruits rigolos et joue des musiques super entrainantes pour encourager vos petits monstres à se laver les dents, s’habiller, ranger sa chambre, mettre la table, etc. Vous ne pourrez plus vous en passer, et vous vous surprendrez vous-même à vous éclater avec votre ou vos enfants.
  3. C’est le même principe que l’application Lickety Split, sauf qu’on l’applique à diverses actions du quotidien. Par exemple, on peut convenir avec l’enfant d’un temps d’écran, et le prévenir que dans 30 minutes, quand l’alarme du téléphone (ou autre) sonne, on éteint la télé.
  4. Faire la course/organiser des défis: là aussi on préconise le ludique comme dans l'application citée plus haut. A la différence que c'est à vous de faire preuve de créativité. par exemple: il est temps d'aller se laver les dents et votre enfant n'aime pas ça. Vous pouvez alors organiser un concours de mousse, c'est celui qui fera le mieux mousser le dentifrice! D'autres types de "challenges" seraient de laver un jouet en même temps que ses mains, d'habiller doudou en même temps que votre enfant s'habille...

 

  • Donnez du sens à la crise.

Pas facile mais essayez de comprendre pourquoi c’est «payant» pour lui de s’opposer. Cherchez à mieux saisir les émotions derrière les comportements négatifs en étant à l’écoute de ses besoins et en le questionnant sur son état émotif.

 

Pour conclure, rappelons «l’effet contrecoup» de l’établissement de règles constantes à la maison, de l'établissement d'un cadre sécurisant, stable, du resserrement de la discipline. Très souvent, après quelques jours, l’intensité et la fréquence des comportements opposants peuvent augmenter et c’est généralement à ce moment là que le/les parent(s) abandonne(nt) les stratégies mises en place, croyant que celles-ci ne fonctionnent pas. Pourtant, c’est un excellent signe si votre enfant réagit de la sorte, et cette recrudescence d’opposition prouve qu’il réalise qu’il n’obtient plus ce qu’il désire. Pour le parent, c'est aussi un temps difficile, l'enfant use de mille et une stratégies pour obtenir ce qu'il veut. Tenez bon!

Généralement, après trois semaines de cadre constant, les difficultés s’estompent peu à peu, mais il ne faut surtout pas abandonner! Faites-vous confiance comme parent et rappelez-vous tout ce que vous avez réussi à maintenir depuis l’arrivée de votre enfant. La constance n’est qu’un pas de plus vers l’harmonie! Et j'ajouterai que l'on se construit d'amour et de frustration.


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